Comment positionner le curseur entre spécialisation et polyvalence ?

Comment positionner le curseur entre spécialisation et polyvalence ?

 

 

 

Cette question est importante et sensible car les avantages de la première option constituent les inconvénients de la seconde, et réciproquement, d’où la difficulté, souvent, à faire un choix.

 

 

 

Mais avant d’identifier comment positionner le curseur entre spécialisation et polyvalence, je voudrais préciser ce que j’entends par polyvalence car c’est un mot « valise » auquel on peut prêter des sens différents.

 

Je parle pour ma part de polyvalence toujours exclusivement à l’intérieur d’une même famille de métiers.

 

Et ce, pour une raison toute simple : l’éclatement d’un poste sur différentes familles s’avérant toujours préjudiciable pour l’agent et pour le fonctionnement, cette option me semble vraiment A EXCLURE, autant que possible.

 

Voici, à titre d’illustration, quelques exemples rencontrés d’hybridation de deux familles de métiers distinctes :

 

  • 4 médiateurs culturels appartenant à une même communauté d’agglomération, affectés chacun à un établissement, pour moitié sur leur cœur de métier et pour moitié à la billetterie

 

  • des agents assurant à la fois des activités d’agent d’entretien et d’agent d’animation

 

  • un chargé d’opérations (métier de la famille "patrimoine bâti") également en charge du foncier (métier de la famille "urbanisme aménagement")

 

Ces situations s’expliquent en général soit par l’histoire (via des glissements successifs), soit par le souci de garantir à l’agent un temps de travail suffisant.

 

Or, si cette dernière intention est noble, elle ne doit pas nous conduire à minimiser le risque d’un manque d’intérêt et/ou de compétences sur l’un des domaines, et donc, in fine de désengagement de l’agent.

 

Dans les exemples précédents, un médiateur culturel « vibrera » peu sur une fonction de billetterie, un agent faisant de l’entretien et de l’animation investira souvent davantage l’une des deux parties tandis qu’un chargé d’opérations aura du mal à maîtriser les deux domaines et à ne pas se disperser.

 

Demander à un agent d’occuper un poste hybride – même s’il est souvent ravi au départ de bénéficier d’un temps plein – revient à lui demander de marcher normalement avec une chaussure de ville à un pied et un après-ski à l’autre pied.

 

Je vois parfois plusieurs postes au sein d’une même unité comprenant chacun plusieurs cœurs de métiers alors qu’en reconfigurant tout simplement le puzzle autrement, chacun pourrait revenir sur un cœur de métier unique.

 

Ainsi, dans le cas des médiateurs, n’est-il pas plus intéressant de n’avoir plus que 2 médiateurs intervenant chacun sur 2 équipements (quitte à ce qu’ils aient des déplacements) et d’organiser différemment la fonction d’administration et d’accueil ?

 

Avant de questionner l’intérêt de la polyvalence, il est donc d’abord essentiel de veiller à ce que chacun des postes se structure bien autour d’UNE SEULE FAMILLE DE METIER.

 

En revanche, cette précaution vérifiée, on gagne en général à spécialiser le moins possible à l’intérieur d’un cœur de métier pour :

 

  • enrichir les postes et ainsi, avoir des agents plus compétents et donc plus aptes à intégrer d’éventuels changements futurs,

 

  • disposer d’une plus grande souplesse de fonctionnement.

 

On pourra ainsi confier :

 

  • à un médiateur médiateur culturel l’intervention sur plusieurs domaines,

 

  • l’ensemble du processus gestion/paye aux gestionnaires Ressources humaines plutôt que de scinder les activités comme c’était le cas avant,

 

  • l’ensemble des processus état civil/élections/funéraire aux agents plutôt que de spécialiser chacun dans un domaine,

 

Bien sûr, la polyvalence à l’intérieur d’une même famille de métiers a toutefois des limites qui relèvent du bon sens.

 

Les indicateurs vous permettant de positionner le curseur sont notamment la fréquence de recours à la compétence, le temps d’acquisition de celle-ci et le risque encouru en cas d’erreur.

 

On ne confiera pas un chantier d’électricité complexe, présentant un fort enjeu sécuritaire à un agent polyvalent bâtiments n’ayant pas une solide formation en électricité !

 

Deux options possibles, dans ce cas :

 

  • disposer d’un poste d’électricien, si le volume des chantiers complexes est suffisant 

 

  • sinon, avoir parmi les agents polyvalents un référent électricité (ayant une solide formation dans le domaine) qui pourra assurer ce type de chantiers et auquel pourront s’adresser ses collègues en cas de difficulté sur des chantiers moins techniques.

 

Il vous appartient donc de positionner le curseur entre polyvalence et spécialisation en recherchant l’option qui permettra le mieux de répondre au besoin.

 

 

2 choses à retenir : 

 

>> L’hybridation de différentes familles de métiers sur un poste constitue toujours un risque de dysfonctionnement, sinon à court terme, a minima à moyen terme.

 

>> La fréquence de recours à une compétence, le temps d’acquisition de celle-ci et le risque encouru en cas d’erreur sont de bons indicateurs pour positionner le curseur entre polyvalence et spécialisation.